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Lorient La Base : une reconversion exemplaire

Lorient La Base est un site à l’histoire très marquée : né de la Seconde Guerre mondiale, développé durant la Guerre froide puis abandonné pour mieux renaître à la société civile, Keroman allie mémoire et modernité.

Le cœur décisionnel de la bataille de l’Atlantique

En 1940, l’armée allemande envahit la France et Lorient tombe le 21 juin. Une semaine plus tard, l’amiral Karl Dönitz, commandant les sous-marins de la Kriegsmarine, décide d’établir son quartier général à Lorient et de faire de la ville le port d’attache de ses redoutables U-Boot. Avec eux, l’Allemagne entend fragiliser l’Angleterre en coupant ses approvisionnements.

« L’enjeu est celui de la maîtrise de la mer et des routes océaniques stratégiques », affirme Christophe Cérino, historien à l’université de Bretagne-sud. Ce choix va faire de Lorient le cœur décisionnel de la bataille de l’Atlantique et sa principale base de réparation navale.

La plus grande construction militaire

Pour se protéger des bombardements, les Allemands font construire dès l’automne 1940 deux dombunkers autour du spliway du port de pêche, avant de lancer, en février 1941, la construction de Keroman I.

Ce bunker est édifié en un peu moins de huit mois sur une base de 120 mètres de côté et une hauteur de 18,5 mètres, avec un toit de trois mètres et demi d’épaisseur protégeant un bassin-slipway et cinq nefs pour les sous-marins. Suivront Keroman II (décembre 1941) et Keroman III (janvier 1943), l’ensemble permettant la mise à l’abri d’une quarantaine d’U-boot.

15 000 hommes sont réquisitionnés pour ce chantier titanesque qui reste le plus grand édifice militaire construit pendant la guerre hors d’Allemagne. Intégrée au mur de l’Atlantique, la forteresse lorientaise est aussi la cause de la destruction de la ville. Entre janvier et février 1943, les Anglais larguent plus de 4 000 tonnes de bombes sur Lorient mais la base à peine égratignée reste opérationnelle.

Après la guerre, la Marine nationale prend le contrôle du site qui est réutilisé dès l’été 1945 pour des activités de réparation navale et sert à la relance de l’arsenal principal.
Avec l’installation de la Guerre froide, Keroman devient dès le début des années 1950 une base de premier ordre pour les submersibles classiques français. La deuxième escadrille, puis l’escadrille des sous-marins de l’Atlantique, y mettent en œuvre pendant cinq décennies 35 unités de type Narval, Daphné et Agosta. Le site a compté jusqu’à 2 000 emplois civils et militaires au plus fort de son activité.

Au seuil des années 1990, la fin de la Guerre froide et le lancement des restructurations de la Défense qui s’ensuit précipitent la fermeture de Keroman. Le départ des forces sous-marines au printemps 1995 et la fermeture du chantier par la DCN, en février 1997, entraînent la perte de 450 000 heures annuelles de réparation navale. Il laisse surtout aux autorités locales une encombrante friche industrielle de quelque 25 hectares dont six d’emprises bétonnées.

1997, année charnière

L’intercommunalité, à l’époque le District du Pays de Lorient, en concertation avec les services de l’État et la Marine nationale, se lance alors dans une phase d’études pour apprécier les possibilités de reconversion économique du site et son intégration urbaine.

Entre 1995 et 1997, quatre études sont menées pour définir les choix possibles : la destruction du site, une reconversion industrielle, touristique ou nautique. En parallèle, dès 1997, des autorisations d’occupation temporaire sont données aux premières entreprises comme Plastimo ou Marsaudon.

La même année, René Estienne, alors conservateur des Archives de la Marine, organise les premières visites guidées de la BSM. « On ne voulait pas laisser le site s’endormir mais profiter de sa portée historique et symbolique, se souvient l’historien aujourd’hui retraité. On avait même entamé la sauvegarde du sous-marin Flore dès 1989. »

1997 est l’aboutissement d’une démarche initiée par les pouvoirs publics et les élus : « C’est comme une deuxième reconstruction qui met les acteurs locaux face à une nouvelle ère », reprend René Estienne.

Jean-Yves Le Drian, à l’époque maire de Lorient, et Norbert Métairie, adjoint à l’urbanisme, connaissent l’importance primordiale de cette enclave portuaire pour le développement du territoire. Ils savent alors saisir les opportunités qui se présentent comme l’implantation des premiers skippers et des entreprises liées au nautisme.

En 1999, une étude de synthèse propose une solution de mixité des activités associant un pôle nautisme-course au large aux activités touristiques et patrimoniales. Devenue en quelques années le premier pôle de course au large au niveau européen, Lorient La Base accueille un public international toujours plus nombreux, attiré par la modernité d’une reconversion qui a su ne pas tourner le dos à son histoire.

Dates clés

  • 1941-1945 : Construction et utilisation de la base par la Kriegsmarine
  • 1945-1997 : Cinquante-deux années d’utilisation du site par la Marine nationale (escadrille des sous-marins de l’Atlantique) et la Direction des constructions navales
    (arsenal annexe) – La base est baptisée “Ingénieur général Jacques Stosskop”, mort en déportation pour la France
  • 2001-2002 : Lancement du pôle de course au large (bâtiment du Défi français pour la Coupe de l’America - implantation de Lorima et Marsaudon Composites - hangars Groupama, Banque Populaire et Foncia)
  • 2008 : Ouverture de la Cité de la Voile-Éric Tabarly
  • 2010 : Ouverture au public du sous-marin Flore
  • 2012 : Première étape de la Volvo Ocean Race
  • 2015 : Création d’un port à sec dans Keroman II

Pour aller plus loin :
"Keroman, Base des sous-marins, 1941-2015", éditions Palantines, par Christophe Cérino et Yann Lukas (disponible au Musée sous-marin du Pays de Lorient
et à la Cité de la Voile Éric Tabarly)

E brezhoneg

Edan 20 vlez emañ daet ar bon splujerezioù da vout ul lec’h dibar : redadegoù er c’heinvor, touristerezh, glad, deverrañsoù hag ekonomiezh ag ar vegenn a gaser àr-raok eno. Merket don eo an tiriad gant ar cheñchamant istorel-se. Un testeni eo ag an amzer-dremenet diaes en Oriant hag un hêrezh ag ur brezel hag e zismantroù,mes hiziv eo daet ar bon splujerezioù da vout arouez adsav ekonomiezh ha sevenadur kêr. Eno e c’heller gwelet, etre div redadeg, bagoù evel Ultims Banque Populaire Armel Le Cléac’h pe Maxi Edmond de Rotschild-Gitana Sébastien Josse, bagoù ar Figaro pe re 60 troatad. Piv en dehe kredet e vehe daet ar c’hreñvlec’h-se, bet savet gant an Alamaned, da vout kêrbenn Europa ar redadegoù er c’heinvor ? Ur goustele lakaet gant ar strollegezhioù tiriadel adal 1997 hag a ra berzh kaer hiziv an deiz.

 

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