Avant même de vous intéresser à l’action publique, quelle image aviez-vous de l’intercommunalité ?
L’intercommunalité de mon enfance, ce sont d’abord les bus, un vrai progrès pour le territoire. Ensuite, ce sera la collecte des déchets. Dans les années 1990, suite à la crise économique, notamment avec les difficultés du secteur de la pêche et de la construction navale, on est passé d’une intercommunalité de services à une intercommunalité de projets. La reconversion de l’ancienne base de sous-marins en est un très bel exemple. Aujourd’hui, avec le projet de territoire mis en place par la nouvelle majorité que je préside, on peut parler d’une intercommunalité de destin. Les habitants des 25 communes vivent dans un même bassin de vie qui a sa propre homogénéité, sa propre histoire et qui s’inscrit dans un même futur.
Quel est le principal avantage d’une intercommunalité, c’est-à-dire du regroupement de plusieurs communes ?
C’est d’abord la mutualisation des moyens. Aucune des 25 communes de l’Agglomération n’aurait le budget suffisant pour investir dans des équipements indispensables au développement du territoire, comme de grands parcs d’activités économiques, des usines d’eau potable, un réseau d’assainissement ou l’école d’ingénieurs de l’université à laquelle l’intercommunalité a participé. C’est ensuite la coordination des services aux habitants. On imagine mal le fonctionnement de plusieurs services de bus ou de collecte au sein d’une même agglomération. Il y a enfin la solidarité que permet cette intercommunalité. Un des exemples récents est l’installation en 2022 d’une usine de désalinisation d’eau de mer à Groix alors que l’île manquait d’eau potable au plus fort de la sécheresse. Le coût a été supporté par Lorient Agglomération.
Vous avez engagé il y a deux ans un projet de territoire. Quels en sont les fondements ?
Le projet de territoire pose clairement l’enjeu : celui de l’attractivité économique pour avoir les ressources nous permettant de financer nos politiques publiques. Il faut s’engager dans la transformation écologique, bien entendu, c’est le grand défi de nos générations. Il faut équilibrer le territoire parce que le projet s’intéresse à l’ensemble des 25 communes. Il faut bien sûr coopérer avec nos voisins, les autres intercommunalités, départements, régions. Mais tout ceci, ce sont des moyens, et l’objectif final de notre projet de territoire est bel et bien le vivre-ensemble, c’est-à-dire travailler sur le territoire, y habiter, se divertir, profiter des acivités de loisirs, sportives, culturelles…
Quels sont les projets qui marqueront ce projet de territoire ?
J’en citerai deux. Le premier concerne le développement économique avec le lancement de la Lorient Composite Valley. Les compétences industrielles issues du pôle course au large, notamment la construction de grands mâts carbone, seront demain utilisées pour l’installation de ces grands mâts sur les paquebots ou les cargos afin de profiter de l’énergie du vent et réduire leur empreinte carbone. Il est déjà acquis que les Chantiers de l’Atlantique, basés à Saint-Nazaire, investiront dans une usine à Lanester. Le second concerne la transition écologique grâce à la décarbonation des transports publics, avec la mise en service de bus hydrogène et bio-GNV, ainsi que l’engagement de développer les énergies renouvelables, notamment la production d’électricité photovoltaïque.
Quels sont ceux qui vont concerner la vie quotidienne des habitants ?
Avec le projet de territoire que nous avons lancé il y a un peu plus de deux ans, il y a une forte ambition sur l’accès au logement pour tous et les nouvelles mobilités. Le prochain programme local de l’habitat prévoit 40 % de moyens financiers en plus sur la table et 25 % de construction de logements en plus, notamment des logements sociaux. C’est un effort considérable mais qui est nécessaire pour permettre à ceux qui font le choix de rester vivre sur le territoire, de trouver les moyens de se loger le plus convenablement possible.
En ce qui concerne les mobilités, il faut savoir que le réseau bus et bateaux de l’agglomération est l’un des plus aboutis de l’ouest de la France. Mais nous souhaitons engager une véritable révolution. D’ici fin 2025, ce sont en effet quinze TER quotidiens en plus en gare de Lorient, 40 % donc de places supplémentaires dans les trains et, je l’espère, autant de personnes en moins seules dans leur voiture. Il y a aussi l’ensemble des mesures que nous prenons pour favoriser les parking relais et le covoiturage. Vous voyez que c’est un ensemble de briques qui permettront de résoudre la question des mobilités et de répondre encore une fois à la saturation, notamment de la RN165 et de la pénétrante.
Quelle est pour vous l’identité de ce territoire que les habitants appellent couramment le Pays de Lorient ?
Notre territoire, 3e agglomération de Bretagne, offre un véritable contrepoids aux grandes métropoles. Nous sommes reconnus pour la qualité de vie et notre cadre de vie. Il y a aussi cette simplicité de contact qui fait l’esprit lorientais, ce qu’on pourrait appeler un art de vivre à la lorientaise. Ici, on se retrouve facilement au Festival Interceltique, au foot dans les tribunes du stade du Moustoir, sur les pontons de la Base, mais aussi au Grand prix cycliste de Plouay ou aux matchs de la Garde du Voeu Tennis de Table à Hennebont. Autant de moments et de lieux qui font que les habitants, les visiteurs… se retrouvent facilement. Autant d’occasions pour que les contacts économiques, associatifs, les liens sociaux se perpétuent et s’y développent. C’est ça qui fait la richesse de notre territoire. Ce sont les femmes et les hommes qui le composent et qui en font un territoire où il fait bon vivre… au sens large.