Après déblaiement, Lorient intra-muros ne compte plus à l’issue de la Seconde Guerre mondiale que 10% de son bâti. L’urgence est de reloger les Lorientais afin de relancer l’économie locale. C’est le temps des baraques. Il faut ensuite reconstruire durablement la ville. Le projet est mûrement réfléchi : la ville est décomposée en îlots, chaque îlot étant confié à une équipe d’architectes sous la responsabilité de Georges Tourry. Une cinquantaine d’entre eux, jeunes, portés sur le modernisme, a fait ses armes dans cette ville qui doit répondre à de nouveaux besoins de la population.
Dans les années 1950-60, les immeubles connus sous les noms de « Banane », d’« Os à Moelle », des « Échasses » et « Plein ciel » sortent de terre et sont des exemples de la reconstruction de la Ville. Les municipalités en exercice mettent tout l’accent sur le logement social.
L’ensemble de la « Banane »
L’immeuble de la « Banane », à deux pas de la place Polig Monjarret, passe par dessus la rue de Pont-carré et trace une belle courbe, d’où son nom. Il est le fruit du travail d’une équipe d’architectes : Jean-Baptiste Hourlier, GeorgesTourry, Paul Lindu, Pierre Brunerie et Jacques Olivier. L’immeuble est implanté, en 1953, sur le quartier le plus ancien de Lorient. Il tourne le dos à l’espace historique de la Ville et apparaît comme le symbole de la seconde naissance de la ville. Sa façade comprend des balcons avec une alternance plein/vide des balustrades. Les séchoirs du dernier étage, par le dessin de leurs claustras, accentuent l’unité de la courbure de l’immeuble.
Les immeubles « Os à moelle »
Deux immeubles ont été dénommés « Os à moelle » en référence à l’escalier évidé desservant les appartements. Un se situe dans le square Clisson et l’autre dans le square Svob. Leur architecture avec plan en forme de double Y se veut être un modèle pour un habitat collectif. L’immeuble du square Clisson a pour architectes, Henri Réglain et Joël Guennec qui ont pour ligne directrice : allier confort et luminosité. Sa façade est revêtue d’un parement préfabriqué de béton de gravillons lavés. Sur la façade nord, l’aération des séchoirs en angle est réalisée par de fins claustras horizontaux en béton. L’immeuble a été réalisé en 1953 avec un jardin qui est un petit luxe au centre-ville. Il ne donne pas directement sur des voies de circulation. L’autre immeuble, ayant pour architecte Jacques Bourgeois, construit avec une architecture similaire se situe dans le square Svob.
L’immeuble « Les Échasses »
L’immeuble du Moustoir communément nommé « Les échasses » marque l’entrée nord de la ville. Construit par Henri Cordier en1963, il n’est pas sans rappeler les cités radieuses de Le Corbusier. En effet, on retrouve ici le même vocabulaire architectural : une structure sur pilotis, des appartements en duplex traversants, une coursive extérieure, des pièces à vivre s’ouvrant plein sud, sur une loggia pour la moitié d’entre eux, un toit terrasse accessible. Ce bâtiment qui abrite 99 appartements a reçu le label Patrimoine du XXe siècle.
L’immeuble « Plein ciel »
L’immeuble « Plein ciel » situé dans l’axe de la rue maréchal Foch a été construit dans les années 1960. C’est une tour à l’architecture soignée en particulier par le traitement très graphique des balcons de la façade sud. Elle possède un pan de mur vertical sur toute sa hauteur qui rappelle le clocher de l’église Saint-Louis, église qui était ici érigée avant-guerre.
Jean-Yves Le Lan et Emmanuelle Yhuel-Bertin
Groupement des associationsd’histoire locale du Pays de Lorient