Rendez-vous est donné dans la toute nouvelle gare de Lorient, au pied des escalators. On cherchait un conducteur en tenue SNCF. Que nenni ! « En général, les conducteurs sont en civil ; on préfère passer incognito, même si les voyageurs réguliers nous reconnaissent à notre valise de conducteur ! »
Gérard est rentré à la SNCF en 1990 : après l’obtention d’un CAP d’électrotechnicien, il devient "conducteur de manœuvre et d’évolution" à la gare de Paris Montparnasse. «J’aidais à garer les trains,à les amener au nettoyage… » Puis, en 1999, Gérard intègre Traction, l’école de conducteurs SNCF basée au Mans. Un an de formation théorique et des kilomètres aux côtés de conducteurs aguerris plus tard, il réalise enfin son rêve : conduire un train. Des trains de marchandises d’abord, puis de voyageurs. Depuis le 27 avril dernier, à 48 ans et après quatre mois de formation intensive à Rennes et Paris puis sur des simulateurs à Lille, il peut prendre les commandes des TGV. Basé à la gare de Quimper, il continue aussi de conduire des TER.
Des compétences qui dépassent la conduite
Brest-Quimper, Brest-Rennes, Quimper-Rennes,Quimper-Nantes, Quimper-Paris, Brest-Paris, et même le "tire-bouchon" entre Auray et Quiberon certains étés… Gérard travaille deux week-ends par mois et dort 2 à 3 nuits par semaine ailleurs qu’à son domicile quimpérois, à l’hôtel ou en foyer SNCF. Ses compétences ne se limitent pas à la conduite. Il prépare son trajet bien avant le départ, en repérant les gares d’arrêt et les passages à niveaux. Avant de partir, il vérifie l’affichage des signaux sur le "cab signal", un écran situé sur le tableau de bord, le bon fonctionnement de la radio et l’état du train en lui-même.
En 2017, 1 200 futurs nouveaux conducteurs de trains ont été recrutés à l’échelle nationale. « Ils sortiront formés en 2018, indique Laurent Bourdel, directeur des ressources humaines des conducteurs à la Direction régionale bretonne de la SNCF. Pour postuler, il faut se rendre sur le site Internet de la SNCF. Le recrutement est pour le moment terminé en Bretagne - 39 conducteurs en 2016, 20 en 2017 -, mais d’autres directions régionales recrutent actuellement toutes sortes de profils et non plus uniquement techniques comme autrefois. Du BEP au BTS, de 19 à 45 ans environ. » Une fois son CV sélectionné, le candidat passe un entretien téléphonique de 15 minutes. S’il réussit cette première épreuve, s’ensuivent des tests de compréhension, des tests psychologiques puis un entretien d’embauche. Attention, la sélection est drastique : « Le taux de réussite n’est que de 2 % », prévient Laurent Bourdel.
Embauché, le futur conducteur suit alors une formation d’un an. Et ce n’est qu’après 15 années de pratique aux commandes des trains TER que les conducteurs, comme Gérard, peuvent enfin se former au TGV !
Plus d'informations : http://www.sncf.com/fr/rubrique/metiers