Si de prime abord, draguer un port ou un chenal s’apparente à retirer du fond de la mer de la vase ou du sable à coups de pelleteuse, cette opération est plus technique qu’elle n’y paraît. Elles ne sont d’ailleurs qu’une poignée d’entreprises en France capables de mener ce type de travaux qui allient des compétences liées aux métiers des travaux publics et des compétences liées à la navigation. « Nous n’avons que 20 centimètres de tolérance dans la couche que nous prélevons », souligne Charles Garcia, conducteur de travaux dans l’entreprise chargée des opérations de dragages dans les ports de l’Agglomération. Pour atteindre cette précision, le conducteur de la pelleteuse installée sur une barge dispose sur son tableau de bord d’un plan bathymétrique, correspondant au relevé du relief des fonds marins associé à un autre plan où figure, pour chaque zone, la hauteur de la couche de sédiments qui doit être prélevée. Grâce à un GPS de précision, l’opérateur sait exactement où arrêter le bras de la pelleteuse, pourtant immergé, pour respecter les cotes de dragage.
« On connaît la teneur des sédiments »
Les premières opérations menées cet hiver à Kernével (Larmor-Plage) et Lorient La Base (pôle course au large) ne concernent en effet que des sédiments sains, qui peuvent être immergés. « Aller plus profond serait prendre le risque de reti-rer des sédiments dont on ne connaît pas la qua-lité, explique Thomas Chiron, chargé de mission Planification et gestion des espaces maritimes à Lorient Agglomération. Ceux que nous prélevons ont été analysés par sondage et nous en connaissons la composition. »« Le travail se fait à marée haute, car au fil du charge-ment la barge s’enfonce et il faut une hauteur d’eau suffisante pour ne pas s'échouer, poursuit Charles Garcia. On charge environ 1 000 mètres cubes par voyage. Ensuite, le clapage des sédiments se fait uni-quement à marée descendante pour éviter que les courants n’entraînent les sédiments vers la côte. »
Un contrôle strict
Si les sédiments prélevés durant cette campagne de dragage ont été analysés très en amont sur la base d’échantillons, ils sont aussi contrôlés spécifiquement à l’amorce des travaux. Lorient Agglomération a, en effet, l’obligation d’adresser un quadrillage précis des zones de dragage au service de l’État chargé du contrôle des opérations, la Direction départementale des territoires et de la mer du Morbihan. « Le nombre de points de prélèvements est fonction du volume de la zone à draguer et de la profondeur, précise Thierry Grignoux. Le but est que ces points soient les plus représentatifs possible des sédiments dragués. »
Les services de l’État peuvent également effectuer des visites sur place afin de contrôler la conformité des travaux, y compris en se rendant sur la zone de clapage, là où sont largués les sédiments. « Si la turbidité de la zone est trop forte, ce qui perturbe la vie marine, on peut demander de stopper le clapage. Mais en la matière, le risque est faible car l’immersion des sédiments se fait à marée descendante, au moment où le courant est moins fort. » Par ailleurs, les suivis réalisés dans le site d’immersion, au nord-ouest de l’île de Groix, montrent que les sédiments n’induisent pas d’impacts significatifs sur l’environnement marin, alors même qu'ils sont immergés au sein d’un site Natura 2000, dont les exigences en matière de préservation de la biodiversité sont très fortes.
Le port de Guidel dragué
Situé à l’amont immédiat de l’embouchure de la Laïta, le port de plaisance de Guidel a été étendu en 2015 par Lorient Agglomération. Il accueille aujourd’hui plus de 200 bateaux. Comme tous les ports à flot, le site connaît un envasement qui réduit progressivement ses capacités de navigation et nécessite des opérations de dragage d’entretien régulières. Pour revenir à la bonne hauteur d’eau, 8 500 m3 de sédiments doivent être dragués. L’opération se déroule sur les mois de janvier et février. La qualité des sédiments à draguer a été vérifiée par des analyses exhaustives en 2019 et 2020. Ils ne présentent aucune contamination et seront remis dans le transit sédimentaire naturel de l’estuaire de la Laïta par dragage hydraulique, sans risque pour l’environnement marin.
Visionnez le reportage sur le dragage des ports sur notre chaine Youtube