Développer une filière alimentaire locale
Avec son conjoint, Aelig Briand, 31 ans, a repris l’exploitation maraichère de son père au mois de janvier : 2 hectares de légumes de saison en agriculture bio.
« C’est un choix : nous ne voulons pas dépendre d’intermédiaires ou de grossistes. Nous vendons toute notre production aux halles de Merville à Lorient, sur les marchés du mercredi et du samedi. En vendant directement aux consommateurs, nous avons la main sur les prix et la qualité de nos légumes. Et puis, j’aime le contact avec les clients : ils nous connaissent, s’intéressent à notre travail, à nos produits. »
La jeune femme est diplômée en assurances, mais elle est finalement revenue sur les terres de son enfance pour agrandir l’exploitation familiale. Elle a même réussi à renouveler sa clientèle. « Les jeunes sont de plus en plus nombreux à fréquenter les marchés et veulent du bio. » Et en face-à-face, elle peut défendre sa démarche : « Quand on prend la peine de leur expliquer, les consommateurs comprennent qu’on ne peut pas trouver des courgettes en plein hiver. »
Du producteur au consommateur
Les circuits de proximité visent à limiter les intermédiaires et répondent aux nouvelles attentes de tous les acteurs.
L’objectif général est de mobiliser les acteurs locaux – producteurs, transformateurs, distributeurs – afin d’augmenter l’offre de produits locaux, notamment bio, dans tous les circuits de distribution. Même si la vente directe et en circuit court a sa place, elle ne suffit pas. Les consommateurs font encore en majorité leurs courses en supermarché. C’est toute une filière alimentaire locale qu’il faut susciter. Les collectivités ont de leur côté lancé une initiative dans ce sens en favorisant l’approvisionnement des cantines scolaires en produits locaux.
Renouer un lien
Vente à la ferme ou sur les marchés, AMAP - Association pour le maintien d’une agriculture de proximité, magasins de producteurs, présence en grandes surfaces ou en restauration collective : 20 % des exploitations du Pays de Lorient se sont lancées dans les circuits courts et/ou locaux. Car les débouchés existent, et la clientèle aussi.
Reste à structurer cette filière encore minoritaire, mais qui fait des émules : c’est justement l’une des missions de la Charte de l’agriculture et de l’alimentation.
Exemple avec la filière lait, dominante sur le territoire, mais mise à mal par la crise dans ce secteur. Certains producteurs se sont donc tournés vers la diversification : garder tout ou partie de leur production pour la transformer en yaourts, beurre, crème. De la production à la vente, les exploitants doivent apprendre à combiner plusieurs métiers. Les producteurs travaillent justement ensemble à la création d’un lait local, issu du Pays de Lorient. Les professionnels de la restauration sont aussi invités à privilégier les produits locaux. Une démarche est d’ailleurs engagée dans ce sens avec le Festival Interceltique de Lorient pour que les nombreux stands de restauration privilégient les produits bretons, voire locaux.
Tous les produits et les lieux de vente sur :
Un territoire en avance
« Lorient Agglomération est plutôt précurseur en matière de politique agricole territoriale puisqu’elle avait déjà rédigé une première Charte de l’agriculture dès 2001.
C’est important de pouvoir prendre en compte les spécificités locales et de ne plus dépendre uniquement de l’État ou de l’Europe sur ces sujets. L’originalité de la nouvelle charte est d’être aussi bien un support de la parole politique qu’un plan d’actions.
Cette double fonction montre une stratégie globale, opérationnelle et territoriale, qui prend en compte la protection des espaces et l’aménagement, la diversification du secteur agricole avec l’accent sur l’approvisionnement des cantines, les filières locales, et même une dimension culturelle avec la valorisation de savoir-faire locaux.
Par ailleurs, on remarque depuis quelques années que l’alimentation est une préoccupation prépondérante dans le débat sociétal : c’est une problématique transversale qui touche à la santé, à la nutrition, à l’économie, à l’écologie, au tourisme, à la culture… Même certains chercheurs s’interrogent sur un droit à l’alimentation.
Avec son PAT (Projet alimentaire territorial), Lorient Agglomération montre son intérêt pour ces questions qui parlent aussi de l’âme du territoire ».
Serge Bonnefoy
Spécialiste de l’agriculture périurbaine, secrétairetechnique du réseau national Terres en Villes
E brezhoneg
Tost an hanter ag an tiriad a vez labouret ha mont a ra al labour-douar d’ober un elfenn bouezus ag ar maezoù hag an ekonomiezh er c’hornad. Er mare-mañ ma vez enkadennoù hag un tamm strafuilh er gennad-se, e tolpad an Oriant e hañval bout e stad da chañch evit monet gwell àr-raok. Bet e oa an Doareioù é kejiñ gant saverion saout, saverion moc’h pe legumajerion hag a werzh o froduoù bio pe kustum, dre ur rouedad verr pe ur rouedad kustum, tud diàr ar maezoù a rumm da rumm pe tud nevez daet àr ar maezoù. Razh e lakaont bec’h, seder ha birvidik.