L’écomusée des Forges a investi les trois niveaux de l’ancien laboratoire de l’usine. Né dans les années 1980, il est le fruit de la détermination de Gisèle Le Rouzic, fille d’ouvrier et élevée dans la Cité Bleue en surplomb des usines. Avec d’autres anciens des Forges, elle a collecté des centaines de documents, témoignages, souvenirs qui viennent alimenter cet incroyable voyage au coeur des forges.
Pourquoi une telle installation dans un hameau en 1860 ?
« La forêt à proximité, une main-d’oeuvre abondante, le Blavet pour acheminer les matières premières et livrer les produits finis, et même une ressource électrique avec turbines hydromotrices » égrène Morgane Conchis, attachée de conservation à l’écomusée. De nombreuses photos livrent des informations sur l’époque : le travail des enfants à l’usine, les costumes traditionnels des ouvriers ; mais aussi la culture paysanne avec la présence d’une guérisseuse et de conteuses.
Des fragments de vie
Une salle est dédiée aux deux guerres mondiales, une autre est consacrée aux années 1930, apogée de l’activité des Forges qui emploiera jusqu’à 3 000 personnes et fera vivre une ville de plus de 10 000 habitants. C’est aussi l’époque du Front Populaire : « les ouvriers obtiennent 12 % d’augmentation de salaire en 1936 et 2 semaines de congés payés. » Après la guerre, les usines sont remises en route en 1945, les « nouveaux laminoirs » sont construits dans les années 1950 au moment des premières rumeurs de fermeture. En 1963, 25 000 manifestants vont jusqu’à Lorient pour défendre le bassin d’emploi alors que l’activité chute. En 1966, la fermeture est actée.
Des photos officielles avec ouvriers et patrons, des photos personnelles lors de fêtes et de mariages, des vues des usines et des habitations, des outils, des moules en bois pour fabriquer des pièces métalliques sur mesure, des maquettes pour expliquer le fonctionnement des forges et des laminoirs, des costumes d’époque… Il est impossible de lister toutes les pièces qui composent ce musée et qui l’envahissent jusqu’aux combles. Une richesse qui sera remise en scène dans un musée rénové à échéance 2026, « pour que le musée passe de la mémoire à l’histoire ».
Un beau parcours patrimonial
14 panneaux jalonnent un parcours de randonnée de 1h30 entre le centre-ville d’Inzinzac-Lochrist et les rives du Blavet. Photos et récits à l’appui, ils valorisent le patrimoine, l’histoire et les paysages : les laminoirs, la canalisation du Blavet, les foires paysannes, les métiers du bois sont présentés au long du parcours. Pour rendre hommage aux forges, les panneaux sont réalisés en lave émaillée et en acier corten. Le parcours est disponible dans l’application Rando Bretagne Sud.