Vous rejoignez Lorient La Base. Pourquoi ?
Lorient La Base s’est imposée pour trois raisons : un foncier disponible très bien situé, la dynamique économique et sociale autour de la voile et la présence de 75 % de notre équipe sur le territoire. Nous avions d’autres options, mais nous avons senti une vraie envie de nous accueillir et de développer le pôle course au large. Nous sommes surpris par les synergies qui se créent : la capitainerie trouve toujours des solutions pour nous aider, les services nous facilitent la vie. Nous sommes très contents d’être à Lorient. Il y a tout ici, que ce soit nos fournisseurs, nos partenaires, la technologie, l’innovation, un écosystème, des chantiers, des emplois… Cela reflète bien le dynamisme de la voile française et de la course au large.
Et vous avez fait construire un immense bâtiment à Lorient La Base…
Oui. Il fallait un grand bâtiment pour un grand bateau. Nous avons construit sur 1 400 m² au sol. C’est un bel outil de travail, qui peut nous recevoir à tout moment. D’ailleurs, le chantier tourne toute l’année, même quand le bateau est à l’eau. Notre design team continue d’avancer. Nous comptons 22 permanents sans compter les navigants selon les courses. En chantier, on peut monter jusqu’à 50 personnes. Plus qu’un hangar d’hivernage, notre bâtiment abrite une entreprise comportant recherche, activité de conception et d’ingénierie, collaborations à venir avec d’autres bateaux. Le modèle économique est en train de se mettre en place.
Comment se passent les réglages et à la prise en main sur l’eau de votre nouveau bateau ?
La première année est consacrée à la découverte du bateau : on a beaucoup à apprendre et nous sommes un peu pionniers. Il faut être humble et prendre le temps pour comprendre un bateau comme celui-ci. Sur l’eau, on a tout de suite perçu qu'on ressentait moins le tangage. Et je suis agréablement surpris par la rapidité avec laquelle on s’habitue aux nouveaux réglages. Quand on rentre de navigation, notre vocabulaire évolue : est-ce qu’on a volé ? Est-ce que le vol était stable ? Je rentre toujours en ayant appris quelque chose : c’est une découverte permanente, très enthousiasmante. À 50 ans, je ne m’attendais pas à ça, devoir me dépasser tous les jours. C’est une vraie rupture ; je ne peux plus compter que sur mon expérience.
Quelles sont les innovations que vous avez apportées à ce bateau ?
Nous avons réfléchi au centrage des masses et nous avons déplacé l’habitacle devant le mât, soit 7 mètres de décalage par rapport au précédent Sodebo. Nous concentrons ainsi 25 % de la masse sur le centre de gravité du bateau. Avec la poussée des foils et l’axe du bras avant au même point, cette configuration limite la résistance et permet de trouver plus facilement l’équilibre à pleine vitesse. Enfin, cela libère de la place à l’arrière : on a descendu le centre de gravité du mât pour provoquer un effet de plaque (éviter les perturbations) et la grand-voile est reliée au pont pour gagner en aérodynamisme… Dans la classe Ultim, chaque bateau est unique, avec sa logique et sa pensée, quasiment expérimentales.
Quel est votre programme sportif pour les prochaines années ?
Sur quatre ans, nous allons réaliser trois tours du monde. Il se construit quelque chose d’intéressant sur la classe Ultim, notamment avec la Bretagne. En 2020, il y aura un Trophée Jules-Verne (le tour du monde en équipage), un Tour de l’Europe, un autre Tour du monde en équipage en 2021 et la Route du Rhum en solitaire l’année suivante. L’échéance la plus proche, c’est Brest Atlantiques, une transat en double de Brest à Brest via Rio (Brésil) et Le Cap (Afrique du Sud) qui partira le 3 novembre. C’est la première transat en double aussi longue pour moi. Et avec un parcours fantastique : on passe deux fois l’équateur, avec une descente classique jusqu’au Brésil, mais la remontée par l’Afrique du Sud est atypique et promet une arrivée géniale. Nous avons hâte de nous confronter aux autres, avec comme objectif d’aller jusqu’au bout de la course.