Le Misanthrope au Théâtre de Lorient : « Une comédie féroce et une langue puissante »
Pour sa troisième saison à la tête du Théâtre de Lorient, le comédien et metteur en scène Rodolphe Dana ouvre le bal avec Le Misanthrope de Molière.
Après Céline, Tchekhov et SteveTesich, vous changez de registre en passant à Molière. Pourquoi cet auteur, et pourquoi Le Misanthrope ?
C’est né il y a deux ans, lorsque j’ai voulu reprendre les classiques, que j’ai vraiment mis le nez dedans. Je suis un amoureux de la force et du style de ce siècle : Corneille, Racine, La Fontaine, Molière... Et en lisant Le Misanthrope avec les comédiens du collectif, dès la première scène on a été convaincus : le sujet de la pièce d’un point de vue rhétorique, c’est à dire comment le langage nous définit, la place de la franchise et de la sincérité, nous a parlé tout de suite.
Que raconte Molière dans cette pièce ?
Il pose la question de savoir jusqu’où on peut dire ce que l’on pense. Car être sincère peut parfois sembler agressif : être dangereux pour soi, pour les autres et pour la société ! Et en parallèle, cette pièce est aussi une histoire d’amour impossible et magnifique !
Molière est un grand auteur de comédie. Il y a matière à rire dans cette pièce ?
Oui, bien sûr, et c’est apparu encore plus en travaillant la pièce. La dimension du jeu, de l’humour, le rire qui fait penser et qui élève. Les auteurs de cette époque dénonçaient les travers de la bourgeoisie, de la société, mais de manière masquée. Ils proposent à leurs personnages des situations profondes, avec plusieurs niveaux de lecture. On rit de leur vanité et on est touché par leur idéal... C’est une comédie féroce, très riche par sa thématique, sa langue, son jeu, etc.
Comment monter un classique qui a déjà été monté mille fois ?
J’ai eu envie de redonner vie à cette pièce en y mettant notre singularité. Il faut avoir l’ambition d’apporter un point de vue nouveau. On ne sera pas dans une reproduction historique en costumes d’époque. Même chose pour les alexandrins : comment les dire sans être écrasé par la profération ? On va donner un côté charnel et incarné à cette pièce. Le texte est beau : pas besoin d’être redondant dans le jeu ou la mise en scène.
Molière peut-il être moderne, entendu et compris par tous les publics ?
Je suis un amoureux de la langue, et les textes de Céline, Proust ou Molière, je suis ému de le dire, de les vivre et de les faire entendre. Je peux rapprocher Molière du rap ou du slam qui riment aussi. C’est important de transmettre ces textes aux jeunes. On peut monter Molière pour un public très large : le contenu est bon, à nous de le restituer pour parler au plus grand nombre. Et puis le thème, être ou paraitre, est une question d’actualité qui parle aussi à tous...
Le Misanthrope, de Molière, avec Rodolphe Dana, du 25 au 28 septembre - Grand Théâtre - Lorient
Les autres spectacles de la rentrée et l'automne :
L’Estran - Guidel : « Django Reinhardt revisité »
« Tous les spectacles proposés par l’Estran sont des coups de cœur, quant aux créations, elles sont nombreuses puisque nous sommes un lieu de fabrique, explique Xavier Le Jeune. Mais spontanément, je mettrais plutôt en avant la création du Théo Ceccaldi Trio. » Le jeune violoniste, révélation des Victoires du Jazz 2017, réinterprète les classiques de Django Reinhardt et lui rend hommage avec des compositions originales « sous influence ».
À ne pas manquer non plus, la jeune flûtiste et compositrice franco-syrienne Naïssam Jalal qui signe la musique du documentaire sur le viol des femmes en Syrie comme arme de guerre (le 18 oct.), et sera en concert le lendemain avec trois musiciennes
Théo Ceccaldi Trio : Django - Vendredi 9 novembre à 20h30
Les Arcs - Quéven : Le retour des Négresses Vertes
Quéven accueille les Négresses Vertes, 30 ans après la parution de leur premier album Mlah . Curieuse, innovante et touche à tout, la tribu des Négresses Verte aura exploré le cabaret équestre, le punk, la musique gitane, l’électro et le trip hop. Après leur séparation en 2001, 2018 marque leur retour sur scène, très attendu...
Les Négresses Vertes - Samedi 20 octobre à 20h30
Le Strapontin - Pont-Scorff : « héritages et frontières »
Pour cette saison, « les thématiques n’ont pas été définies en amont mais des fils-rouges se dégagent, par exemple la question des héritages et des frontières » confie Jean-Louis Chevallier, citant des spectacles comme « La Mécanique du hasard », « Le bulldozer et l’olivier », « Sans laisser de trace... » Dernière création d’Olivier Letellier et coproduite par Le Strapon- tin, « La Mécanique du hasard » est une adaptation du roman de Louis Sachar, Le Passage : l’aventure, racontée à deux voix, d’un jeune garçon qui va découvrir l'amitié, dénouer les fils de son destin et inventer sa propre vie.
La Mécanique du hasard - Mardi 9 octobre à 19h30
Trios - Inzinzac-Lochrist : « Une saison de retrouvailles »
La nouvelle programmation de TRIO...S fait la part belle à de nombreux artistes déjà accueillis lors des saisons précédentes. Circassiens, marionnettistes, comédiens, chanteurs, musiciens reviennent pour de nouvelles créations. En ouverture de saison, « Opus 7 », par les 7 artistes de la fanfare cirque du Cheptel Aleïkoum qui enchaînent acrobaties, portés, main à main, bascule coréenne et corde volante, sans lâcher leurs cuivres et leurs percussions...
Opus 7 - Samedi 6 octobre à 20h30
Quai 9 – Lanester : « Une programmation exigeante mais accessible »
15 pièces de théâtre sur 26 spectacles programmés : Nathalie Gomès, nouvelle directrice de Quai 9 à Lanester, affirme une « identité théâtrale très forte, avec une programmation exigeante mais accessible à tous ». Avec des choix comme autant de coups de cœur, dont le succès annoncé de la reprise de « Art », pièce emblématique de Yasmina Reza, jouée ici par Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin et Alain Fromager (en février). Pour la rentrée, le spectacle à ne pas rater est celui du chorégraphe Angelin Preljocaj, « La Fresque », inspiré d’un conte chinois.
La Fresque - Jeudi 18 octobre à 20h