Pourquoi le site de Kermat ?
Lorient Agglomération exploite depuis 1992 le site de Kermat, sur la commune d’Inzinzac-Lochrist. C’est là qu’aujourd’hui sont stockés les déchets ménagers dits ultimes, issus de la poubelle bleue, qui ne peuvent pas être recyclés. Ces derniers sont « enfouis » dans d’immenses alvéoles étanches qui sont recouvertes et fermées lorsqu’elles sont pleines. Le gaz produit par la fermentation des déchets stockés sur le site était auparavant brûlé en torchère et donc gaspillé en raison de l’absence de technologie disponible pour le valoriser. Lorient Agglomération a fait appel à une nouvelle technologie, la Wagabox, qui permet d’épurer le gaz sorti des alvéoles pour le transformer en un gaz conforme aux spécifications du gaz de ville circulant dans le réseau GRDF.
Un gaz vert
Après épuration, le gaz atteint le même niveau de qualité que le gaz naturel et peut donc être injecté dans les réseaux. On l’appelle alors biométhane, ou gaz vert. Tout comme le gaz naturel, il sert alors à chauffer, cuisiner, mais pas seulement… Utilisé comme carburant (BioGNV), il offre une solution écologique et économique pour le transport de marchandises et de personnes. La Wagabox produira chaque année plus de 7 millions de KWh/an de ce gaz, soit l’équivalent de la consommation de 6 000 habitants, évitant ainsi l’émission de 1 500 tonnes de CO2 par an (équivalent à 200 allers/retours Lorient – Sydney en avion).
Une technologie révolutionnaire
Le gaz qui émane du site contient trop d’azote et d’oxygène, ainsi que des impuretés, pour être réinjecté directement dans le réseau. Il faut donc le purifier pour atteindre les 97 % de méthane exigé par GRDF. Cette purification se fait en deux étapes : par filtration à travers des membranes et par distillation cryogénique (le gaz est refroidi, liquéfié, puis réchauffé progressivement ce qui permet de séparer les différents composants).
C’est Waga Energy, une société installée dans la région grenobloise, qui a mis au point la Wagabox, dont seulement dix exemplaires sont utilisés en France. « C’est la meilleure alternative au gaz fossile et à l’électricité, souligne le PDG de Waga Energy, la société qui a conçu cette technologie. Cela répond aussi bien à la nécessité de lutter contre le changement climatique qu’à la volonté de produire des énergies renouvelables. C’est une solution de référence de valorisation du gaz d’enfouissement. »
Une demande à la hausse
En 2020, le développement du biométhane s’est accéléré. GRDF a réalisé le 24 novembre 2020 la mise en service de la vingt-troisième unité d’injection en région Bretagne et GRDF comptabilise actuellement 170 projets en étude en Bretagne. La production de gaz vert devrait pouvoir permettre de couvrir, dès 2025, 10 % de la consommation annuelle en gaz à l’échelle régionale. Le biométhane est une énergie souhaitée par les élus locaux qui voient en elle un moyen de redynamiser l’économie de leurs territoires et de répondre aux enjeux de leurs politiques énergétiques.
Une station GNV à Kerpont
En concertation avec les élus et les services de Lorient agglomération, Morbihan Energies, via sa SEM 56 Energies, a installé sur la zone de Kerpont, plus grande zone industrielle et commerciale du département, sa troisième station de distribution de gaz naturel véhicules (GNV). Elle propose trois types de carburant : du GNV garanti d’origine bio, du GNV 100% d’origine fossile et du GNV mixte. « C’est une énergie très adaptée pour les véhicules qui transportent des marchandises ou des passagers à l’échelle régionale, explique Jo Brohan, Président de Morbihan Energies, le syndicat départemental d’énergies qui regroupe les 250 communes du département. Nous avons réalisé une étude de marché sur le secteur et le GNV concerne potentiellement près de 600 poids lourds qui pourraient s’approvisionner à cette station ». Si le GNV est aujourd’hui en phase d’émergence, sa qualité environnementale est reconnue puisque son utilisation réduit fortement les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines, comparé au diesel. C’est également un carburant compétitif d’un point de vue économique. « Le passage au GNV pourra se faire au fil des ans lors du renouvellement de la flotte des entreprises et des collectivités, souligne Jo Brohan. Sur l’Agglomération de Lorient, cela doit concerner une cinquantaine de véhicules par an ».
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