Tenir coûte que coûte. Dans la tempête que traverse actuellement l’ensemble des ports de pêche français, Lorient Keroman est l’un des rares à avoir réussi à maintenir des ventes quotidiennes.
Certes, les volumes mis en marché chaque matin à la criée sont bien inférieurs à la normale. « Globalement, on est à moins 50% , constate Jean-Paul Solaro, président de la Sem Lorient-Keroman, entreprise qui gère le port. C’est ce que le marché peut actuellement absorber ».
Frappée de plein fouet au début de la crise sanitaire par la fermeture des restaurants, des cantines scolaires, et par les premières mesures strictes de confinement, l’activité de la criée semble depuis s’être stabilisée.
« Les ventes se sont plutôt bien passées cette semaine, avec des prix corrects », se félicite le responsable. Avant de poursuivre : « Comme tout le monde, nous sommes incapables de dire combien de temps cette situation va durer. Les ajustements se font au jour le jour, selon la demande. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une volonté commune de travailler ensemble pour maintenir ce fil d’activité ».
La Sem Lorient Keroman organise pour cela des conférences téléphoniques tous les deux jours avec l’ensemble des acteurs du pôle halieutique, grande distribution comprise, et en y associant les entreprises de réparation navale.
Reprise partielle des importations
Des campagnes de communication sont actuellement menées par les grandes enseignes pour inviter les consommateurs à manger du poisson frais.
Après une première vague d’inquiétude suscitée par l’annonce de la fermeture des marchés alimentaires, et au grand soulagement des poissonniers, la plupart ont finalement obtenu une dérogation de la préfecture du Morbihan et peuvent donc continuer à fonctionner normalement à condition de respecter les règles sanitaires en vigueur. Les halles de Merville restent également ouvertes.
Du côté des pêcheurs, si la totalité des navires lorientais ne sortent pas en mer tous les jours, un roulement s’est mis en place pour alimenter la criée de façon constante. Même chose pour la Scapêche, armement d’Intermarché, qui assure un flot régulier d’apports, malgré une baisse conséquente des volumes. Chez les mareyeurs, l’activité s’organise en dents de scie. Certains ferment quelques jours avant de rouvrir en fonction des commandes. La quasi totalité ont mis en place des mesures de chômage partiel.
Un temps interrompues pour ne pas engorger le marché, le service commercial du port a repris ses importations sur des espèces ciblées, notamment la julienne, afin de répondre à la demande de certains mareyeurs.
Enfin, bonne nouvelle, la langoustine est de retour depuis quelques jours à des prix très abordables. De quoi réjouir les gourmets. Car même en période de confinement, rien n’interdit de se faire plaisir à table !