Si quitter le navire n’est pas évident, revenir sur terre auprès des siens est un moment précieux et indispensable. En CDI à la Fondation Tara Expéditions, Loïc Caudan est en mer quatre mois et revient deux mois à terre.
« J’adore la vie et le travail sur Tara. Mais je suis aussi très heureux d’être chez moi à Lorient pour consacrer du temps à ma compagne et à mon fils d’un an et demi ! » Loïc Caudan était donc à bord de Tara, d’octobre 2016 à fin juin 2017, entre Miami et Hao (archipel de Polynésie française de Tuamotu).
« J’ai accompagné les premiers prélèvements de plancton et d’aérosols. En tant que mécanicien, mon rôle consiste à entretenir et à veiller à la bonne marche du moteur, à m’occuper des trois groupes électrogènes, à gérer la production d’eau potable et d’électricité. Je vérifie également les circuits électriques du matériel des scientifiques. Et je les aide aussi lors des prélèvements à la mise à l’eau des instruments. » Comme chacun à bord, qu’il soit marin ou scientifique, Loïc assure des quarts de nuit, trois nuits sur quatre : « Sur Tara, on doit tous être un peu touche-à-tout. »
Au Japon, de nombreuses actions de sensibilisation
Lorsque Tara est en escale, Loïc participe, comme tous les membres d’équipage, aux rencontres-conférences avec le public. « Au Japon et à Taïwan, nous avons fait de nombreuses escales et avons accueilli beaucoup de monde à bord. Nous avons même reçu la visite du réalisateur Takeshi Kitano, le parrain japonais de Tara ! Lors de ces visites, nous expliquons la mission scientifique en l’adaptant aux publics. Nous sensibilisons aussi. Dans le Pacifique, beaucoup d’enfants ne savent pas ce qu’est le corail ; ils pensent que ce sont des cailloux ! »
Les journées de travail en mer ou à terre sont bien chargées pour les marins comme pour les scientifiques, et le repas du soir est l’occasion de se détendre et d’échanger. « Nous discutons tous ensemble, en anglais le plus souvent, car si tous les marins sont français, les scientifiques, le journaliste de bord, viennent d’un peu partout dans le monde. Toutes ces rencontres nous enrichissent les uns les autres. » Parfois, pour une raison technique ou de météo, l’équipe se détend en effectuant une balade de quelques heures à terre, ou bien une plongée récréative. Mais globalement, le rythme de travail à bord est très soutenu, de 7 ou 8 h du matin jusqu’à 20 h.
Après cette escale estivale et familiale, Loïc Caudan embarque de nouveau sur Tara fin septembre, en Nouvelle-Calédonie. Il devrait débarquer aux îles Salomon en Papouasie-Nouvelle Guinée vers la mi-janvier 2018. On lui souhaite bon vent !
Tara Pacific 2016-2018
L’expédition Tara Pacific 2016-2018 est consacrée à l’étude des récifs coralliens face aux changements climatiques et environnementaux, dans l’ensemble de l’Asie et de l’océan Pacifique (du golfe du Panama au Japon, en passant par la Polynésie, Wallis, Futuna, les Samoa, Tuvalu, jusqu’à Fidji) pour la première année. La goélette a permis à ce jour de collecter plus de 12 000 échantillons de coraux et des milliers d’autres prélèvements d’algues, d’eau de mer, de poissons, de récifs et une multitude de paramètres physico-chimiques (température, salinité…).
L’objectif principal des équipes de biologistes, océanographes, spécialistes des récifs et du plancton : tenter d’établir un état des lieux global des récifs de corail et mieux comprendre la richesse de la biodiversité et sa capacité d’adaptation aux changements globaux (changements climatiques, pollution, urbanisation…).
Pour l’instant, les échantillons déjà prélevés sont partis en laboratoires. Il va falloir du temps, un à deux ans, avant de pouvoir obtenir des résultats exploitables des recherches qui sont actuellement en cours.
1re période : Pacifique d’est en ouest
2e période : Asie-Pacifique, du sud au nord
Chiffres clés
- 11e expédition de Tara depuis 2003
- 2 ans d’expédition de mai 2016 à sept. 2018
- 30 pays visités
- 70 escales
- 100 000 km parcourus
- 40 archipels analysés de façon identique et ensuite comparés
- 40 000 échantillons en 2 ans
- 70 scientifiques embarqués issus de 8 pays
- 27 institutions et laboratoires de recherche
- 7 mers et océans traversés : océan Atlantique, mer des Caraïbes, océan Pacifique
- Sud, mers de Chine orientale et méridionale, mer des Salomon, mer de Corail
- 32 °C : température de l’eau la plus chaude rencontrée dans le Pacifique
- 6 marins, 7 scientifiques en permanence à bord de Tara
- 8 artistes en résidence entre 2016 et 2018
- 55 partenaires dont 6 partenaires financiers majeurs*
- Budget de l’expédition : 5 millions d’euros
E brezhoneg
Bag an ergerzhadeg Tara Pacific, a oa loc’het ag he forzh stag, an Oriant, e miz Mae 2016, ha gwelet e vo en-dro moarvat, e miz Gouel-Mikael 2018. Mont a ray da studial efed ar cheñchamantoù hin hag endro àr ar c’herreg-koural en Azia hag er Meurvor Habask a-bezh (adal pleg-mor Panamá, Japan, Polinezia, Wallis ha Futuna, inizi Samoa, Tuvalu, betek Fidji). E-pad an ergerzhadeg kentañ e oa bet gellet dastum ouzhpenn 12 000 standilhon koural, miliadoù a lamadennoù bezhin, dour-mor, pesked ha kerreg ha stank a arventennoù fizikel ha kimiek (gwrez, holenegezh…).
Lycée Jean-Macé de Lanester : du labo au bateau !
Durant l’année scolaire 2016-2017, des élèves de seconde MPS (méthodes et pratiques scientifiques) du lycée Jean-Macé de Lanester ont planché “à la manière de Tara”. Chaque semaine, dans différentes matières, le parallèle était fait entre l’expédition scientifique et leur programme scolaire. En mathématiques, ils ont abordé la navigation et le fonctionnement du GPS ; en physique-chimie, la composition de l’eau de mer et des différents paramètres physico-chimiques ; en sciences de la vie et de la Terre, le réchauffement climatique, l’acidification des océans et la biodiversité marine… Des chercheurs, spécialistes des télécommunications et océanographes sont également venus échanger avec les lycéens sur leurs métiers et exposer leurs travaux (lire Les Nouvelles n°32).
Point d’orgue de cette année d’études, le 18 mai, « afin de donner tout leur sens à ces travaux et se glisser dans la peau des marins-scientifiques, une sortie en mer était organisée, au départ de Lorient La Base, à bord de cinq voiliers de l’UCPA, expliquent les professeurs. Les élèves ont effectué de nombreuses mesures et prélèvements, entre Lorient et Groix ». Grâce au matériel prêté par Océanopolis et en collaboration avec l’Observatoire du plancton de Port-Louis, les lycéens ont analysé la turbidité de l’eau de mer, sa température, sa salinité et son plancton, dans une salle pédagogique mise à disposition par la Cité de la Voile - Éric Tabarly.
Parmi les nombreuses données recueillies, les lycéens ont constaté que la température de la mer est plus élevée en rade qu’au large et que la salinité est plus faible au large qu’en rade…