C’est un site chargé d’histoire qui ne souffre pas d’obsolescence. Depuis 165 ans, le Haras National d’Hennebont se réinvente en marge des phénomènes de mode. Son activité historique de sélection et de reproduction de chevaux s’est toujours adaptée aux besoins équestres du pays.
Sa vocation première, depuis sa création par Napoléon III, était de produire des chevaux pour la guerre puis pour l’agriculture. Avec la mécanisation de l’agriculture, elle s’est effacée progressivement après la seconde guerre mondiale.
Mais le lieu n’a pas cédé aux sirènes des reconversions radicales qui enterrent le projet initial et effacent du récit régional des pans de vie, des compétences, des femmes, des hommes… et des animaux.
Sur 23 hectares, en lisière du Blavet, dans 32 bâtiments construits au 19e siècle et organisés selon des règles empruntées à l’architecture militaire, partout le cheval est présent. Partout, il s’épanouit pour montrer à celles et ceux qui le visitent qu’il est encore dans la course. Il raconte un temps révolu mais aussi des possibilités nouvelles, à rebours d’une époque qui joue sa partition à vive allure dans des cercles de virtualité qui déconnectent plus qu’ils ne tissent de liens.
Passer la porte du Haras National d’Hennebont, c’est s’accorder une pause et se laisser influencer par la sagesse séculaire et la beauté d’un lieu qui a érigé la commune de 16 000 habitants au rang de « capitale du cheval breton ».
Le Haras National d’Hennebont a été le premier en France à proposer une visite muséographiée
Ce statut privilégié a été vu comme un atout par Lorient Agglomération qui en fait, dès 1999, un élément central de sa stratégie touristique.
Le Haras National d’Hennebont a été le premier en France à proposer une visite muséographiée à des publics curieux de découvrir les coulisses du quotidien des agents et des étalons.
Le désengagement progressif de l’Etat sur le service public de reproduction de chevaux a poussé le Haras à la créativité pour offrir à ses visiteurs une nouvelle approche du cheval. Ainsi en 15 ans, Hennebont est devenu l’une des scènes équestres nationales les plus productives : résidences de création, plus de 110 spectacles diffusés chaque année, des évènements équestres d’envergure…
Des nouvelles ambitions
Pour conforter ce positionnement, six ans après avoir racheté le Haras avec la Ville d’Hennebont, Lorient Agglomération, ouvre une nouvelle page de l’histoire du site en deux volets de travaux.
La pierre angulaire du projet de réaménagement qui entérine la phase 1 des travaux : l’ouverture d’un parcours de visite scénographié pour permettre au public de découvrir la richesse du patrimoine bâti des lieux et d’affiner sa compréhension de l’animal dans sa diversité, sa saisonnalité et dans son histoire intime avec les femmes et les hommes qui participent à la vie des lieux et l’animent.
Le parcours de visite se fait l’économie du multimédia et s’éloigne des écrans individuels pour privilégier les interactions ludiques, les immersions sensorielles et les médiations incarnées. « Se rapprocher de ce qui est simple mais efficace », précisait le cahier des charges à l’adresse des professionnels candidats à l’aménagement scénographique.
Le Haras, un lieu vivant
La promesse est celle d’un site qui se visite en famille, sur une demi-journée, avec des temps de découverte et des parenthèses événementielles. Un tiers de la superficie est accessible aux visiteurs et s’organise autour d’espaces existants distincts qui s’offrent néanmoins une cohérence globale et des ambitions communes autour du cheval, de ses pratiques et de ses métiers.
En poussant les monumentales portes de l’écurie principale, les visiteurs déambulent entre les box où attend d’être montée ou accompagnée au travail une vingtaine de chevaux. Tous jouent un rôle au haras (sport, spectacle, travail). Des médiateurs accompagnent le public et donnent des clés de compréhension sur les animaux et leur complicité avec les humains : les soins nécessaires à leur bonne santé, leur mission au haras, leurs particularités physiques, leur programme de la journée mais aussi des anecdotes confiées comme des secrets d’alcôve. Parmi ses pensionnaires, l’oeil du visiteur sera interpellé par la présence de deux pensionnaires extraordinaires et monumentaux (3,70 mètres de hauteur pour l’un) nés de l’imagination fertile des concepteurs de la société MONsTR qui collabore avec la compagnie nantaise Les Machines. Articulés, animés, le souffle de leurs nasaux questionnent les visiteurs : sont-ils vivants, doués de sentiments et d’émotion comme leurs voisins de chair et de robe brune ?
Pousser la porte de la sellerie d’honneur, c’est s’engager dans un puissant voyage sensoriel. Au milieu de cette pièce chargée d’histoire, où l’odeur de cuir des selles et des harnais appuie le caractère solennel des lieux, le groupe de 30 visiteurs va soudain être plongé dans la pénombre et se laisser harponner par le bruit des sabots qui s’écrasent au sol. Une installation son et images, portée par un pan de mur de 14 mètres sur 3, nous immerge dans une esthétique et une atmosphère qui magnifie le cheval et l’observe dans sa liberté la plus totale. Les images, tournées en Bretagne avec des artistes et des cavaliers amis du haras, invitent le spectateur à une expérience rare où les frontières se jouent des barrières et des harnais.
À chaque étape du parcours, les visiteurs croisent celles et ceux qui font vivre les lieux et prennent soin des chevaux.
Autour de l’ancienne maison du directeur, l’espace est dédié au jeune public. Tente berbère, carrousel quatre places de métal et de sculptures équines, petite roulotte pour grignoter, ici, l’enfant est roi ! Et le cheval est son fidèle destrier. Mitoyen de cet espace, le paddock à poneys où les petits ne tournent pas en rond mais appréhendent l’animal dans sa complexité et son intimité. « Les chevaux sont des êtres vivants qui méritent qu’on comprenne comment ils vivent, dès le plus jeune âge ».
En fin de parcours, les visiteurs sont invités à se rassembler sous le chapiteau pour un moment équestre artistique ou pédagogique avec les chevaux au travail.
La grande écurie d’honneur s’ouvre désormais au tourisme d’affaire. Les lieux peuvent être privatisés pour organiser des séminaires, des dîners de gala, des rendez-vous événementiels, etc.
La seconde phase verra la construction d’une structure de spectacle
La seconde phase du projet consiste en la construction, au coeur des écuries, d’une halle de spectacles équestres de 1500 m2 totalement dédiée au spectacle équestre et aux actions de formation. Cette seconde étape parachèvera le positionnement du Haras National d’Hennebont comme un lieu incontournable dans le paysage équestre en France (livraison début 2025).
La gestion du Haras National d’Hennebont
Le Haras est propriété de Lorient Agglomération qui en délègue sa gestion et sa valorisation à deux structures :
- Le Syndicat mixte du Haras National d’Hennebont, qui rassemble la Région Bretagne, le Conseil départemental du Morbihan, Lorient Agglomération et la Ville d’Hennebont, gère le site. Créé en 2007, sa mission relève de l’intérêt général par la maintenance du patrimoine et contribue à la dynamique du territoire et au développement économique, sport et technique de la filière équine en Bretagne.
- La promotion touristique et culturel des lieux a été confiée à la SAEM Sellor. Véritable bras armé de Lorient Agglomération qui a fait du tourisme l’un des moteurs de son développement économique, la société d’économie mixte concourt à développer l’attractivité du territoire grâce à la mise en valeur et à l’animation des équipements dont elle assure le rayonnement local et régional.
Le Haras national d’Hennebont en chiffres :
- 968 000 € HT, c’est le coût de la première phase des travaux. Le projet global a reçu des aides publiques de la Région Bretagne et du Conseil départemental du Morbihan.
- 110, c’est le nombre de spectacles équestres offerts, en moyenne, tous les ans, aux visiteurs du Haras National d’Hennebont.
- 6 200, c’est le nombre de cavaliers de sport ayant participé à un concours au Haras National d’Hennebont en 2021.
- 60 000, c’est le nombre de visiteurs qui passent au Haras chaque année.
- 1 500, c’est le nombre d’arbres (dont certains remarquables) répertoriés sur les 23 hectares du parc.
Le Haras National d’Hennebont
Rue Victor Hugo - 56700 Hennebont
Billetterie : www.haras-hennebont.fr