Quelles études avez-vous suivies ?
Quand j’ai eu 12-13 ans, ma mère et mon beau-père sont venus de Paris s’installer du côté de Carnac où ils sont devenus ostréiculteurs. Je suis allé en pension à Jules-Simon à Vannes pendant deux ans, jusqu’au BEPC. Puis je suis rentré au Lycée maritime d’Étel à 15 ans. J’ai obtenu mon CAP Pêche ; je suis sorti premier ! Sur quel bateau avez-vous débuté ? Mon premier embarquement, c'était avec l’armement Gauthier à Lorient sur le Simoun, comme mousse. Après, j'ai souvent changé de bateau. Puis j’ai passé mon brevet de lieutenant de pêche à Port-Louis, dans la citadelle. À l’époque, les cours étaient donnés par un vieux capitaine au long cours. Cette école est devenue ensuite le Centre européen de formation continue maritime (CEFCM) de Lorient. Mon brevet en poche, j’ai pu partir comme second sur de grands chalutiers.
Comment êtes-vous devenu commandant de bateau de pêche ?
J’ai passé mon diplôme Patron de pêche au CEFCM en décembre 1963, après seulement deux mois de cours au lieu de neuf ! Je bossais beaucoup ; ça me passionnait. Je suis rentré à l’armement des Pêcheries de Cornouaille, où j’étais second sur le Notre-Dame du Calme. Nous partions pour l’Ouest Irlande et dans le golfe de Gascogne pour pêcher sole, daurade, lotte, limande... J’ai pris le commandement du Marthe à l’armement Lucas, un bateau de 48 m. Je n’avais que 23 ans, alors que l’âge minimal était de 24 ans !
Quel est votre souvenir le plus marquant de cette période ?
En mai 1968, je commandais le Marie-Josiane, chalutier de 48 mètres et nous étions en pêche au nord de l’Écosse. La France était en grève, tous les navires avaient regagné le port. Il faisait grand soleil, mer calme et une sensation de fin du monde, seul navire en mer... Nous avons été le dernier chalutier de Lorient à rentrer.
Comment êtes-vous devenu patron armateur vous-même ?
Je suis parti comme capitaine d’armement à Abidjan en Côte-d’Ivoire pendant un an avec ma femme et mes enfants. Et quand je suis revenu en France, je n’ai pas souhaité retourner sur de gros chalutiers. J’ai acheté un petit bateau, pour me lancer dans la pêche côtière au chalut entre Groix et Belle-Île. Avec La Calypso, je pêchais la langoustine, le merlu et la sole. Puis j’ai acheté La Nymphe. Nous étions cinq à bord et nous partions chaque jour de 3h du matin à 20 ou 22h. L'hiver, je rentrais chez moi le soir, j’avais mes week-ends, j’ai pu voir mes enfants grandir et j’ai très bien gagné ma vie.
Vous avez ensuite pris des responsabilités importantes au sein de diverses organisations...
J’ai été patron de pêche jusqu’en 1981. Le secteur venait de traverser une période compliquée dans les années 1970 avec des grèves de pêcheurs liées au prix du gazole. C’est à cette période que sont nées les organisations de producteurs. J’ai été sollicité pour prendre la Présidence de PROMA, organisation de producteur du Morbihan et de Loire-Atlantique.
"Nous avons démontré que Keroman a un réel potentiel"
J’ai alors arrêté la pêche. J’ai ensuite été président de l’Association européenne des organisations de producteurs, président de la coopération maritime française, vice-président de l’alliance coopérative internationale et expert au comité consultatif des pêches à Bruxelles. Ce qui m’a permis de rencontrer des pêcheurs du monde entier.
Comment voyez-vous l’évolution du port de pêche ?
Aujourd’hui, même si le port enregistre 30 000 au lieu de 60 000 tonnes à l ’époque, il ne perd plus, mais gagne de l’argent ! Il s’est énormément modernisé : élévateur à bateau, nouvelles criées, gare de marée rénovée, nouvel atelier de mécanique et bientôt une station de traitement des eaux de mer. Nous sommes parvenus à démontrer que le port de Keroman a un réel potentiel, qu’il crée de la main d’œuvre et de la valeur ajoutée. Les investissements réalisés dans l’aire de réparation navale servent autant aux professionnels de la pêche qu'à ceux du nautisme.
Vous prenez votre retraite ?
Le mot retraite me fait penser à celle de la Bérézina... Toute ma vie professionnelle, je me suis levé au milieu de la nuit pour aller travailler et je ne suis jamais rentré avant 20 h, voire 23h. Ma femme s’inquiète d’ailleurs de savoir ce que je vais faire de tout ce temps libre ! Quels sont vos projets justement ? Vo yager, en prenant le temps d’aller à la rencontre des gens. Je vais avoir plus de temps pour contempler, échanger et m’imprégner de cultures qui ne sont pas les miennes. Je suis curieux des autres.
* Maurice Benoish a présidé la SEM Lorient-Keroman de 1992 à 1996, puis de 2000 à janvier 2018, c’est Jean-Paul So- laro qui lui a succédé. Entre 1996 et 2000, la SEM fut présidée par Dominique Yvon, une période durant laquelle Maurice Benoish a exercé des mandats dans d’autres organisations.
LE PORT DE KEROMAN EN CHIFFRES :
- 1er port de pêche de France
- 100 000 tonnes de produits travaillés
- 3 000 emplois dans la filière
E BREZHONEG
D’an oad a 76 vlez ha gant ar santimant bout graet e zever en deus dilezet Maurice Benoish e garg a brezidant e kevredad ekonomiezh kemmesk an Oriant-Kerroman, e penn mererezh ar porzh-pesketa. Ar mestrouer, bet martolod da 15 vlez, kabiten paramantiñ da 27 vlez ha paramantour da 29 blez, en doa bet ur roll pouezus-bras pa oa bet modernaet ar porzh, a-c’houde 2002 dreist-holl. Hiziv an deiz, ha bout ma ne bouez ar porzh nemet 30 000 tonenn e-lec’h an 60 000 tonenn a oa bet d’ur mare, ne goll ket mui argant mes gounidiñ a ra. Aet eo ur bochad àr vodernaat : ur gorreer-bagoù, ur c’hovu nevez, ur gar-vare nevesaet, un atalier mekanikerezh nevez hag ur purlec’h doureier mor edan berr.