Révélé aux yeux du grand public par l’édition 2012 de la Coupe de l’America, puis récemment par le Vendée Globe 2016/2017, le foil est en passe de devenir un accessoire de série dans le monde de la course à la voile. Cette petite aile accrochée sous la coque permet en effet d’atteindre des vitesses bien supérieures en soulevant au-dessus de l’eau le bateau, qui s’affranchit alors de la résistance de l’eau et semble voler.
« Le foil va envahir le monde de la navigation, confirme Luc Talbourdet, président d’Absolute Composite, société issue d’Absolute Dreamer, le team course au large de Jean-Pierre Dick, vainqueur de la dernière Transat Jacques-Vabre. Aujourd’hui, tous les nouveaux voiliers de course ont un foil. Avant, pour naviguer à 30 nœuds (55,5 km/h), il fallait un bateau de 21 mètres. Aujourd’hui, 8 mètres suffisent. C’est comme acheter une berline et aller à la vitesse d’une Ferrari. »
Une usine à foils
Face à cette révolution, Absolute Composite a décidé de jouer la carte de l’innovation en lançant pour la première fois la fabrication de foils en carbone par un robot, alors que ces éléments étaient jusque-là drapés à la main.
Pour cette première, la toute jeune société créée en octobre 2017 et désormais indépendante d’Absolute Dreamer, s’est associée à Coriolis Composite (Quéven), spécialisée dans la réalisation de pièces en matériaux composites et au plateau technique Compostic (Plœmeur), qui maîtrise la technologie de drapage (ou tissage) de fibres.
« Le robot a une précision de fabrication qui est tout à fait adaptée aux pièces prototypes , explique Luc Talbourdet. Ici, nous sommes sûrs de fabriquer le foil que nous avons dessiné. » Autre avantage, le robot met trois fois moins de temps à produire le foil, et le process industriel permet d’envisager une fabrication en série.
« Ce que cherche un marin en voilier de série, c’est d’avoir la même qualité de pièce que son concurrent. » Les foils ont été testés en mer sur le catamaran Easy To Fly, imaginé et assemblé par Absolute Dreamer dans son bâtiment de Lorient La Base. La navigation dans différentes conditions de mer et de vent a permis de valider ce procédé très innovant.
Luc Talbourdet imagine désormais une usine à foils, capable de fournir un marché en pleine expansion. « Fabriquer 200 à 300 foils par an, ça peut sembler peu pour des pièces de série , conclut il. Mais dans le monde de la voile, ce sont des volumes importants. La prochaine étape, ce sont les bateaux à moteur. Avec un foil, le moteur consomme moins, les bateaux pourront être électriques et ils seront plus confortables car toujours à plat. »